« Je m’appelle Ajar, Abraham Ajar, initiales AA. »
Delphine Horvilleur est rabbin, conteuse, ancienne journaliste et directrice de la revue Tenou’a. Elle nous livre ici la savoureuse histoire d’Abraham Ajar, personnage sans âge, juif, souris, python, musulman, chrétien, fils imaginaire d’Émile Ajar, écrivain fictif inventé par Romain Gary, qui reçut en 1975 un impensable deuxième prix Goncourt pour son roman La vie devant soi.


Après Réflexions sur la question antisémite et Vivre avec nos morts (éditions Grasset), elle compose pour le théâtre ce « monologue contre l’identité ». Johanna Nizard incarne ce personnage indéfinissable, qui apostrophe le monde du fond de son « trou juif ». À coups de certificats, il revendique sa  "non-existence", lui, le fils fictif de la plus grande mystification littéraire de l’histoire.
Nous ne sommes jamais « que ce que nous pensons être », et face à l’appartenance, aux discriminations et la revendication identitaire toujours plus forte, le théâtre de Delphine rêve d’avancer, de croire en l’autre, d'inventer des ponts sur lesquels danser...


Delphine Horvilleur manipule l’humour juif avec un raffinement rageur. Elle compose ce monologue éclaté du fils imaginaire de l’écrivain Romain Gary et d’Émile Ajar, lui-même double fictif du premier. Abraham Ajar, rejeton inventé, se fait python ou souris blanche, maître ou esclave, femme ou homme, chrétien, juif ou musulman, bref un être indéfinissable.

Cette pièce rêve de croire en l’autre et de faire un pas vers l'étranger qui sommeille en nous... Avec une lucidité désarmante et une franchise sans concession, Abraham Ajar incarne la notion d'identité et tous les pièges qui en découlent, dans un monde et un temps qui les exacerbent toutes. Une pièce nécessaire.
 

Delphine Horvilleur repousse les limites
au-delà de ce que nous croyons être.

 

Note de l'autrice 
Il y a plusieurs années de cela j'avais proposé qu'on place une nouvelle fête dans nos calendriers civils et religieux. Aux côtés de la Pâques (chrétienne ou juive), je souhaitais voir figurer une fête de "Pas Que", une journée par an où l'on se souviendrait qu'on n'est "pas que".... Pas que juif, pas que musulman ou chrétien, pas que français, pas qu'homme ou femme.
Tandis que nous étouffons sous les assignations communautaires, les obsessions identitaires, et tout ce qui nous enferme avec "les nôtres", il m'est soudain apparu qu'un homme détenait une clé pour nous faire penser.
Cet homme s'appelle Ajar, à moins que cela ne soit pas son nom et qu'il n'ait jamais existé. Il est l'homme qui n'est jamais "que" ce qu'il dit qu'il est. 


« L’humour est une affirmation de supériorité
de l’homme sur ce qui lui arrive »
 Romain Gary

 

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Production En Votre Compagnie Coproduction Théâtre Montansier / Versailles, Théâtre Romain Rolland de Villejuif, Les Plateaux Sauvages, Communauté d’Agglomération Mont-Saint-Michel — Normandie Avec le soutien et l'accompagnement technique des Plateaux Sauvages, et du 909 Projet soutenu par le ministère de la Culture – Direction régionale des affaires culturelles d'Île-de-France Spectacle soutenu par l’ADAMI et le dispositif « ADAMI Déclencheur » Texte édité chez Grasset.
Avec le soutien de la SACD / Copie privée.
 

Credit photo © Alexandre Nizard