En replongeant dans ses souvenirs d’enfances, le chorégraphe Sylvère Lamotte a connecté la question de l’ennui avec celles, frétillantes, de l’attente et de l’excitation : dans le laps de temps qui paraissait interminable, il se mettait à danser, le corps devenant un outil malléable et inépuisable de détournements poétiques.

Quels mouvements traduisent l’ennui ? Comment l’expérimenter physiquement ? Et collectivement ?

La pièce invite ainsi à toutes sortes de rêveries, une odyssée collective joyeuse et ludique. Loin de l’immobilité imaginée dans l’ennui, les corps se lancent, s’entremêlent, se heurtent et jouent ensemble. Sur scène, cinq danseurs font appel à leur corps d’enfant et explorent une danse lente, une danse de l’errance et de la suspension ; ils détournent les significations premières de leur gestuelle pour exprimer leur imaginaire. Ainsi, il ne s’agit pas de montrer l’ennui comme instant solitaire et inanimé, mais a contrario, d’y associer le collectif au mouvement.

Une virée poétique dans le monde de l’enfance, nous rappelant que s’ennuyer est une chance. Virtuosité des danseurs, onirisme, univers coloré, cette pièce qui réhabilite l’ennui promet bien des surprises !

 

« Enfant, j’ai eu la chance de m’ennuyer.[…]
L’ennui de mes après-midi d’enfance était un voyage où
le temps m’appartenait, un espace où j’ai fabriqué
d’immenses rêves, un monde sans commencement ni fin ».

L’Ennui des après-midi sans fin de Gaël Faye

 

 

Danser l’ennui ne sera pas danser le rien. A la manière d’un funambule, ce sera danser une certaine expérience du temps, une façon de faire résonner le temps à jamais perdu. A la manière d’Alice (chez Lewis Caroll) dans son moment d’ennui, ils suivront leur instinct vers un monde imaginaire. 

 

" Un Voyage au bout de l’ennui dansant et réjouissant.
Les danseurs virevoltent, les rêveries s’installent, les pitreries deviennent bêtises, puis folie. (...). Jouissif.
 "

Ouest France - Oct. 2022
 
Note d'intention

Voyage au bout de l’Ennui se conçoit comme une invitation à embarquer pour une terre d’imaginaire et de rêverie, qui ne sera pas sans rapport avec le temps de l’enfance. Cinq danseurs, trois hommes et deux femmes seront au plateau. Au cours de ce voyage, toute la virtuosité et l’onirisme des danseurs se déploieront. Les métaphores verticales de l’ennui sont nombreuses, on dit que l’on "glisse", on "tombe" dans l’ennui. Danser non pas pour se divertir les uns les autres mais comme un art de l’évasion, de la suspension. 
Cette nouvelle création naît donc d’un désir de s’emparer de la notion d’ennui par le corps. L’ennui en groupe, l’ennui comme forme d’une attente, comme forme du temps étiré. Le chorégraphe prolonge sa réflexion - initiée dans son précédent spectacle Ruines - et propose une Odyssée collective pour l’ennui. La notion d’ennui sera abordée au travers de la physicalité et de la poétique des corps, avec l’envie de rappeler que s’ennuyer, seul.e ou à plusieurs est une chance. Un temps humain nécessaire à l’imagination, à toute production artistique.
En replongeant dans ses souvenirs d’enfances, Sylvère Lamotte a connecté cette question de l’ennui avec celle de l’attente pendant ces longs après-midi des dimanches sans fin, des crêpes sur le Billig, où l’excitation laissait place à ce sentiment de découragement, qui étirait le temps. Dans ce laps de temps, qui paraissait interminable, c’est vers la danse qu’il se tournait, le corps devenant un outil malléable et inépuisable de détournements poétiques.

 

Sylvère Lamotte se forme à la danse contemporain au Conservatoire national de Région de Rennes, puis au Conservatoire national de Danse de Paris. En 2007, alors en dernière année au Junior ballet, il intègre le Centre chorégraphique d’Aix-en-Provence au sein du GUID (Groupe Urbain d’Intervention Dansée), programme initié par le Ballet Prejlocaj. Il travaille en tant qu’interprète auprès de chorégraphes aux univers variés : Paco Decina, Nasser Martin Gousset, Marcia Barellos & Karl Biscuit, Sylvain Groud, David Drouard, François Veyrunes, Alban Richard, Perrine Valli et Nicolas Hubert. De ces expériences, il retient un goût pour la création collective et le mélange des influences. Il fonde en 2015 la compagnie Lamento. Particulièrement attaché à la danse contact, Sylvère Lamotte expérimente notamment les moyens d’en faire varier les formes. Il créé Ruines, Les Sauvages, L’écho d’un Infini et Tout ce fracas. Parallèlement à ses créations, il collabore avec les étudiants : du CNDC d’Angers, du CNSM de Paris et de l’Académie Fratellini (Cirque) pour lesquels il crée plusieurs pièces de répertoire. Il collabore également avec le théâtre, notamment sur la pièce Un furieux désir de bonheur mise en scène d’Olivier Letellier, ainsi qu'Un sacre de Lorraine de Sagazan et Guillaume Poix. 
 

---------------------

Production : Cie Lamento Co-production : La Maison/Nevers, scène conventionnée Art en territoire, Essonne Danse, La Maison des arts et de la culture de Créteil, L’Entracte, Scène conventionnée Art en Territoire de Sablé-sur-Sarthe, Soutiens : La MC2 à Grenoble et Visages du Monde à Cergy La Cie Lamento est soutenue par l’État, le Préfet de la région des Pays-de-la-Loire, la DRAC des Pays-de-laLoire, Sylvère Lamotte est artiste associé à la Maison/Nevers, scène conventionnée Art en territoire de 2020 à 2023. La compagnie est en résidence au sein d' Essonne Danse de 2021 à 2023
Crédit photos : Visuels de répétitions ©Sylvère Lamotte